Tuesday, April 21, 2009

Tout ce dont je n'ai pas besoin

Aujourd'hui on dirait que tout est un peu plus difficile qu'à l'habitude. Je me suis réveillée avec les yeux qui piquent, le cou raide et les épaules coincées. Sans parler de l'amas de boucles sauvages qui pousse sur ma tête. Incontrôlable.

Pourtant le soleil brille et me voilà redevenue active physiquement, voilà que j'essaie très fort de suivre mes bonnes résolutions et d'être en santé, me faire à manger, bouger, économiser, pas trop dépenser. Comme j'ai voulu être raisonnable en fin de semaine je me suis acheté des souliers pas trop chers mais le vrai prix à payer consiste en deux bonnes ampoules sur les talons. La petite douleur subtile, la douleur humide et piquante sur l'arrière de mes deux pieds m'a suivi toute la journée. Comme un événement heureux auquel on ne peut s'empêcher de penser, la constante chaleur sur mes talons me rappelle que je suis toujours là, vivante, que ça aurait pu être pire et que franchement je devrais endurer plutôt qu'avoir envie de me plaindre. Non mais!

Donc après une journée très peu mouvementée derrière mon écran d'ordinateur au bureau, j'ai sauté dans ma voiture coop préférée en direction du bout du monde pour aller voir l'animal autour duquel j'organise ma vie. À l'heure de pointe c'est vraiment très désagréable de se rendre au bout du monde. J'étais fatiguée, SPM, mal à la tête, et voilà que c'est long, c'est long, la voiture rouge se transforme en tortue brune et nous sommes tous tranquillement en route vers la fin du monde, vers la banlieue d'où je repartirai avant qu'il ne fasse complètement noir pour revenir en ville. Je pense aux vaches de mon voisin qui rentraient à l'étable le soir. J'ai faim et j'aimerais être une belle Holstein noire et blanche et bien grasse, mastiquer de l'herbe toute la journée, ruminer et rentrer à l'étable le soir pour manger encore de la moulée protéinée à la mélasse.

Ma monte avec Griffin a été plutôt pourrie (mais oui j'ai par contre terminé sur une bonne note, une très jolie note qui sonnait vraiment bien). J'ai besoin d'un coach. J'ai besoin de me calmer pour qu'il se calme. Il devient ce que je suis quand je grimpe sur son dos et ça se voit que j'ai l'esprit embrouillé ce soir, enfin ces temps-ci. Mais bon on a vite oublié la chicane et après le travail on a joué à gratte-gratte, qui est un jeu inventé par les chevaux eux-mêmes et j'ai donc gratté l'épaule de monsieur G avec mes ongles mal coupés pendant qu'il grattait la mienne avec son nez. Il y avait de l'endorphine dans l'air.

En revenant j'ai attendu l'autobus pendant un million d'heures. Je crois que je contrôle ma vie, mon destin, enfin un peu, du mieux que je peux, mais crisse que j'haïs attendre l'autobus. Surtout après avoir attendu dans le traffic. En ligne au Starbucks. Attendu après mon ordinateur au bureau qui gèle trop souvent. Si je pouvais, j'habiterais près de tout, pas besoin d'autobus. J'habiterais dans un luxueux appartement au centre-ville, j'aurais un hélicoptère privé, une écurie dans ma cours avec un parc privé au cœur de la ville pour mes chevaux, une femme de ménage, une télé à écran plat, un kit laveuse-sécheuse à chargement frontal, un frigidaire en stainless, un swiffer pour ramasser la poussière, un magic bullet dans la cuisine et des aquaglobes pour mes plantes. Tout ce dont je n'ai pas besoin. C'est pour ça que je déteste attendre l'autobus.

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