Thursday, December 16, 2010

Ma vie dans un sac ziploc

Le dernier mois fut fou.

J'ai déménagé. Dans des boîtes ou dans les poubelles, mes objets se sont empilés, emmelés, ont disparu ou ont été donnés. J'ai ramassé mes vieux cheveux tombés dans l'évier, dans le bain, derrière la porte, dans un coin puis l'autre, sur le tapis, sous la table, sur le divan. Au sous-sol j'ai ouvert des boîtes fermées depuis quatre ans pour les vider, grimper par-dessus les tas de babioles que je venais de former, classer ce que je garde pour décider d'en jeter plus de la moitié. Toute seule à lutter contre une des dernières traces de mon passé. Cette fois ça ne m'a pas vraiment fait quelque chose.

Aves mes amies on joue à la vedette et on vit nos soirées comme si c'était la première ou la dernière fois qu'on pouvait s'amuser autant. On a mis nos plus belles petites robes, j'avais mes collants métalliques et à l'Hôtel Vancouver on a prétendu être invité au party de bureau dans la salle de bal. Dans notre folie alcoolisée j'ai échangé ma sacoche avec une autre fille et le lendemain mon portefeuille avait foutu le camp.

Le lundi je déménageais et sans carte de crédit ou permis de conduire je me suis débrouillé pour louer un camion et y mettre tout ce que je possède comme un jeu de bloc lego géant fait de bois, de carton et de mousse de divan. Mes amis extraordinaires m'ont preté leurs bras, leur grand coeur et quelques billets de 20$ pour m'aider à survivre à cette journée épuisante. Après avoir tout trimballé mon stock à l'est de la ville, au comptoir de la banque quand la dame m'a dit qu'elle ne pourrait me donner une carte de guichet si je n'avais pas de "photo ID", j'ai éclaté en sanglot. Fatiguée, affamée, sale, des visions de mon dernier appartement à frotter et de ma nouvelle chambre s'écroulant sous le poids de mes boîtes prêtes a éclater, j'avais juste besoin de savoir qu'au moins mon argent était au chaud et au sec en m'attendant derrière la petite porte à billet du guichet automatique. On m'a donné une carte. Je suis allé chez McDonalds.

Pendant deux semaines, avant de ravoir mes cartes de crédit, mon passeport, j'ai trimballé ma carte de guichet et ma passe d'autobus dans un sac ziploc.

J'ai pleuré au bureau en croulant sous le stress mais c'est déjà passé. Pour Noel on m'a donné une augmentation. En 4 ans mon salaire a grimpé de 48.4%. Moi même je n'y crois pas vraiment.

J'ai monté des montagnes en raquettes pendant toute une fin de semaine.

J'ai eu deux rhumes.

Moins deux dents de sagesse.

Du rodéo et des moments sans pareil de légereté et impulsion.

Un nouveau quelqu'un qui s'intéresse a moi, une distraction comme dirait la psy de mon amie nouvellement divorcée.

Des concerts et des soirées bien arrosées.

Des nuits à cheval et en vélo toute seule sans besoin de personne.

Une nuit avec 18 autres amis dans une cabane sur la montagne.

Une journée de semaine à la maison pour écouter des films et me moucher.

Et toujours mes cartes dans un sac ziploc.