Thursday, September 3, 2009

J'étais loin

Comme ma vie est mon travail c’est comme si tout ce dont je peux parler, est mon travail? aaaah non non mon cheval, mon (feu) oiseau, mes états d’âmes, mes voyages, ce que j’ai reçu comme cadeau de Noel, la température, la rentrée télé à Radio-Canne, ma famille… nooooon pas ma famille qui me lit, c’est impossible d’en parler ici car ils sauront ce qui se passe dans ma tête pour vrai, quelle vision tordue de la réalité j’ai, oh mon Dieu, après avoir avoué l’an dernier à un souper de famille (lire un souper avec mes parents divorcés depuis 10 ans et ma sœur enceinte et mariée mais sans son mari qui était sur le vieux continent – lire MA famille dont je suis si fière) que j’avais toujours rêvé de foncer à toute vitesse au volant d’une voiture décrépite à travers une clôture de métal texture cage de poule pour en défoncer le cadenas comme dans les films pour ensuite sauter par-dessus une colline de gravelle, puis atterrir dans une étendue d’eau, par exemple le fleuve St-Laurent ou encore False Creek et sauter hors du véhicule alors que celui-ci n’a pas encore touché l’eau, puis disparaitre et laisser derrière moi toute trace de mon existence insignifiante sur cette planète, pour aller ailleurs mener une autre vie tout aussi ordinaire, depuis ce temps je me demande s’ils se demandent ce qui se passe dans ma boîte à clous.

Je dois mentionner que même si à première vue l’aile des départs intra-Canada de l’aéroport d’Edmonton n’est tout à fait aucunement inspirante, il semble que le faux shack en bois rond dans lequel je me trouve en ce moment avec vue sur le tarmac et bière en fut finissent par me prouver qu’il ne faut pas toujours se fier aux premières impressions.

Les derniers jours j’étais à Cambridge Bay, au nord de Vancouver, au nord de Rimouski, au nord d’Umea, au nord du Yukon, au nord du cercle polaire. La première journée il a fait 12 degrés et avec le soleil on se remontait les manches car il faisait chaud et pour avoir l’air tough il faut montrer un peu de peau sur les avant-bras même si on est une fille et que tout le monde autour regarde d’un air un peu louche. Ensuite tout s’est passé comme dans un mauvais film, le brouillard faisant sa place, la pluie par-dessus, le vent au milieu, et moi dessous. Voilà comment pendant le dernier jour du mois d’aout j’ai vu de la neige et des larmes ont coulé de mes yeux verts comme la pelouse de votre voisin, à cause du froid intense et de l’humidité qui vous coupent la peau, vous déchirent les muscles, vous dévissent les os. Voilà maintenant je sais pourquoi les Inuits ont les épaules voutées, pourquoi ils marchent d’un pas tranquille. Je sais maintenant car quand il vente si fort on n’a pas le choix de regarder par terre et on ne peut pas marcher plus vite que notre marche la plus rapide moins le facteur vent qui nous mets ses deux mains robustes sur les épaules.

Kittik, qui a toujours vécu sur cette réserve, m’a dit qu’il aimait y être car ici, ou plutôt là-bas, il n’y a pas d’arbres, donc on peut voir partout autour de soi, tout le temps, au loin, si loin. Je n’avais jamais vécu ça… pas d’arbres, pas de montagnes. Des lièvres, des oies, pas de mouches. Des cailloux, de la poussière. Et moi. Le vendredi soir on est allé au Elks Lodge (les Elks est une sorte de Club Rotary ou de Club des Lions, et le Lodge est leur QG), car à chaque vendredi soir ils ont une soirée BBQ et bière. La ville est une communauté sèche, ie sans alcool, sauf pour le vendredi soir au Elks Lodge. Justin nous a dit qu’un 40 oz d’alcool peut se vendre pour 300$ - oui bon c’est de la contrebande mais quand même. Au Elks Lodge on a mangé un bon steak BBQ avec des patates et de la salade et des oignons et des champignons. Et j’ai bu une bière que j’ai savourée car c’était la seule de ma semaine. Après le souper on est rentré à la maison. On était dans de superbes appartements avec divan en cuir et télé à écran plat, sans hésiter je le crie haut et fort, c’était très beaucoup plus accueillant que mon chez-moi du moment. Angela est la propriétaire de ces appartements, elle doit en avoir une vingtaine qu’elle gère comme si c’était un hôtel, tout est propre et très bien organisé. Elle est blanche dans une communauté Inuit (comme il y en a plusieurs), elle a tout au plus 5 ans de plus que moi. Le prix des matériaux, de la nourriture, de l’essence, est vraiment très élevé là-bas puisque tout est si loin. Je me demande pourquoi elle est là, comment elle a eu les tripes d’investir dans cette communauté, avec quel argent, quels sont ses plans pour l’avenir? Elle a son chien Husky avec elle, un immense bébé d’un peu plus d’un an, qui m’a léché les mains, le visage, les oreilles et m’a senti l’entre-jambe à maintes reprises. Je me demande si je pourrais faire ce qu’elle fait.

J’avais oublié mes lunettes à la maison et le soir alors que je retournais à ma chambre pour la nuit, je me trouvais plutôt assez handicapée, incapable de lire, d’écrire, de savoir quelle heure il était sans avoir l’écran à 3 centimètres du nez. Mais au retour alors que je me suis retrouvée les fesses assise dans le même avion deux fois mais dans deux sièges différents, alors que First Air m’a servi un repas de saumon, puis de bison, alors que l’agent de bord m’apportait mon verre de vin rouge deux ou trois fois plutôt qu’une, alors que par la fenêtre j’ai pu voir le paysage plat et sans arbres et plein d’eau du Nunavut et des territoires du Nord-Ouest, je me sentais vivante, spéciale, unique, chanceuse, anxieuse de retourner à la maison pour une semaine, impatiente d’assister à un autre mariage, cette fois entourée de mes amis du moment qui me manquent tant, curieuse de savoir si la vie va dérouler son tapis rouge pour certaines personnes, pas pour moi, j’ai eu mon tour, en fait le tapis roule et déroule depuis longtemps et je sais que je suis à la première de mon propre film à succès. Impatiente mais nerveuse, les doigts croisés derrière ma robe jaune et grise de Gala et mes plumes lissées et propres et poudreuses et fragiles et si précieuses, je souhaite que tout se passe bien pour celui qui m’est si cher aujourd’hui.

3 comments:

  1. Ta tête va bien te devrais plus souvent nous le montrer!!! Je m'ennuie!!!

    Heille j'ai pas reçu mon on invitation vip pour la première de ton film...

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  2. Poule! Ma tête va bien, merci! Toi la pleine lune? Pas trop affectée!

    Heuuuu c'est parce que tu joues dedans! Encore en tournage! Le film de ma vie, sur vos écrans, dans vos têtes, tout le temps, maintenant!

    Vas-tu être au Québec à Nouwelle? Je m'ennuie!

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  3. La lune!! Hahahahhaha je suis folle de la lune! La lune est mon mari! BOn je suis folle fini folle a l eau!!

    Non je serai en France ma poule... Viens me rendre visite en Europe j'y serai 7 mois!!

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