Sunday, November 29, 2009

le temps confus

Mon ami Thomas m'a envoyé un courriel avec ces trois mots comme sujet. J'aurais aimé pouvoir dire que c'est moi qui a pensé à les assembler. Ça sonne tellement bien.

Le temps confus il a raison. Depuis quelques temps le temps que je passe à me remettre sur pied passe vite bien qu'il ne s'y passe souvent rien. Le temps semble long aussi quand j'attends de redevenir celle que j'étais. Le temps qu'il me faudra pour courir, rire plus, vivre sur mes réserves d'énergie sans me sentir trop près de vider la batterie, en faire plus avec moins, j'attends que ce temps là revienne.

Sinon on a vidé l'appartement où j'ai vécu pendant trois ans. Vidé, nettoyé, frotté. Je me suis demandé s'il n'aurait pas fallu que je parte avant. Comment je m'attache au babioles, aux trucs, aux endroits, au bruit de la clé dans la serrure, au bruit de ma coloc dans sa chambre de l'autre côté du mur, au voisin d'en haut qui écoute la radio entre 5h30 et 6h du matin, à me surprendre à attendre d'entendre le cri strident de mon oiseau content que j'arrive, de mon oiseau mort depuis deux ans. Comment je m'attache à la moisissure dans la salle de bain, à tout, à rien. Ça m'a fait du bien de partir, ici chez moi dans ma nouvelle maison c'est propre, je fais fonctionner le lave-vaisselle et la sécheuse, le petit sapin de noël est allumé, et c'est comme si j'étais vraiment chez moi, pas juste en période de transision dans un sous-sol moisi et froid. Ma chambre est toute petite et je ne suis pas encore habituée aux nouvelles proportions, à entendre les gens monter et descendre les escaliers. Les murs sont longs et blanc-gris-crème, comme le tapis dans ma chambre, un peu impersonnel. Dans quelques mois je serai attachée si fort à tous les petits inconvénients de mon nouvel appartement que je ne voudrai plus jamais le quitter.

Le temps confus aussi parce que maintenant depuis trois ans j'habite ici, j'y fais ma vie. Avant je me disais toujours, quand je reviendrai (ou retournerai..) en parlant du Québec. Maintenant je ne sais pas. Pourquoi partir... mais pourquoi je resterais? J'ai rien de plus de moins ici ou ailleurs. Je ne sais pas du tout. Quand j'y pense, je me fais arrêter d'y penser, parce que je me mets à tourner en rond, je me demande pourquoi je reste, parce que c'est facile? Pourquoi je retournerais au Québec, parce que c'est facile? Et s'en suit une multitude de questions, une avalanche de questionnement, puis ensuite vient une réflexion intense sur mon âge et ce que j'ai accompli, parfois je ressens aussi cette peur de mourir trop jeune qui m'ébranlait alors que j'étais ado, puis je me fais peur en pensant que je n'ai pas assez de temps et de moyens pour arriver à vivre sans juste rêver, et ça me fatigue et je me couche sans rien avoir fait de ma soirée. Donc j'évite de me poser ces questions et j'évite d'y répondre lorsqu'elles surgissent dans des conversations.

Ce matin je me suis réveillée un peu trop tôt. Je me suis retournée, rendormie, pour me retrouver dans un rève où je venais juste d'emménager dans une superbe maison sur le bord de la plage, où tous les planchers et escaliers étaient en bois couleur cerise foncé. Les fenêtres étaient ouvertes et on sentait la brise de la mer entrer dans la maison. Puis en me retournant je me suis retrouvée dans un appartement, j'y emménageais ou en sortait je ne sais plus. Jérôme était là et le rêve est soudain devenu un moment très déplaisant, on se parlait comme on le faisait vers la fin, juste à y penser j'ai des pincements de coeur et d'estomac. Je me suis réveillée en me disant que la vie était injuste, vraiment me faire voler mon sommeil de grasse matinée du dimanche matin de la sorte, j'imagine que je suis en train de payer pour un mauvais coup que j'ai fait récemment. J'ai hâte que tous ces moments de reflux de mauvais sentiments soient partis, disparus de ma vie pour de bon. Surtout le dimanche matin.

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