Monday, July 13, 2009

La boue et tout

Le soleil revient tranquillement. Ce matin il faisait 10 degrés et j'ai gelé comme un petit gla­con pas assez habillé.

Toute la ville sèche, et la boue sur les camions et les bottes des travailleurs se transforme en poussière. Tout est gris et brun et je respire la boue sechée qui s'installe dans le creux de mon nez et sur mon palais.

Jim est un homme imposant, calme, fier. Toujours une histoire à raconter. Il fait lui-même son moonshine et il nous en fait boire le soir au souper. Il nous dit qu'on n'aura jamais mal à la tête si on le boit dilué avec de l'eau. Il nous prépare des repas épicés, succulents. Il nous dit qu'on n'a qu'à le regarder faire et qu'un jour on sera capable de préparer de tels mets. Ses épices sont mélangées dans des sacs sans étiquettes, je me demande comment je pourrais recréer ce gout. Il est Eastern Indian, comme beaucoup d'autres ici en Colombie-Britannique. Il est grand et large et brun et sa barbe et ses cheveux sont blancs, ses lunettes teintées. Quand je le vois avec sa veste de sécurité et son chapeau de construction, marchant sur le sol contaminé de l'aire de traitement, je me demande s'il n'aimerait pas mieux être de l'autre côté de l'océan.

Je l'imagine en draperies indiennes, dans un champ luxuriant entouré de fleurs et de plantes à épices exotiques. Ses enfants qui courent autour de lui et des oiseaux colorés qui chantent et le soleil se couche, teinte le sol et le ciel et ses cheveux et sa barbe deviennent roses et orangés.

Il nous a dit que pour l'anniversaire de sa fille, pour ses 16 ans, il a dépensé 5000$ et invité 300 membres de sa famille.

Je me souviens, une fois à ma fête quand j'étais petite fille, on avait invité mes amis et joué dans l'autobus scolaire abandonné derrière la maison. J'aimais tirer sur la poignée qui ouvrait la porte, comme le chauffeur qui venait nous chercher tous les matins. Mon ami David avait sauté hors de l'autobus et était tombé dans les tocs (les chardons). Il était couvert de petits tocs collants et pas très content.

Voilà à quoi la boue qui devient poussière ajourd'hui me ramène.

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