Tuesday, November 2, 2010

Early Morning

Je me fais réveiller par mon téléphone qui vibre à 6h30 ce matin, remplie à craquer de bonnes intentions et la journée déjà toute planifiée, organisée, rangée, la veille en sautant au lit pour passer de l'autre côté. Il vente et il pleut, toute la nuit quand je me réveille pour me retourner, j'écoute la pluie et j'entends le vent qui pousse les feuilles mouillées en tas morveux sur les trottoirs glissants.

Ce matin à 6h30 je décide qu'il est trop tôt et qu'il ne fait pas assez beau. Je suis fatiguée et je ne peux pas m'imaginer en vélo sur River Road à pédaler contre le vent sur la plaine plate et ouverte de Richmond juste au bord du Fraser brun qui se jette dans l'océan bleu juste derrière moi. Je gratte la croute qui m'a coulé des yeux pour se coller sur le haut de mes joues, me retourne et me rendors.

Je me réveille et conduits vers l'écurie. Griffin, poilu et chaud, mon mur de chair et de sang bouillant sur qui je me blottis pour oublier ma fatigue éternelle et le froid qui s'installe avec l'hiver qui arrive. Je cours vers le bureau, le bike shop, la douche, mes bagages pas prêts, les courriels et appels de mon équipe sur le terrain, vers le skytrain en trainant ma valise à roulette, les pieds dans le train à 3heures alors que mon vol part à 4h. Je cours pour m'enregistrer à temps, passer la sécurité, j'arrive à temps, ma technique de rock star utilisée plusieurs fois lors de mes voyages en avion, presque infaillible, les fesses dans mon siège, je ris de ma chance, toujours à la dernière minute et toujours aussi naïve, me disant qu'on ne peut jamais vraiment manquer un vol. Pas cette fois-ci. Les lumières des villes sous moi alors que je suis assise dans le ciel, dans le noir, dans le vide, dans rien. Qui roule dans ces voitures sur les autoroutes illuminées, qui habite ces maisons de quartiers en demi lunes avec piscines rondes dans la cour, que contiennent ces entrepôts et qui conduit le chariot à bagage à cette heure de la nuit. Qui dans l'avion comme moi viens en vacances à la maison, qui d'autre ne sait pas où la vie l'emmenera, sans plans, sans placements, sans enfants, avec juste un mal de dos pour se rappeler qu'on ne peut pas prétendre avoir 20 ans jusqu'à la fin des temps, qui d'autre à envie de se lever pour danser dans l'allée un verre à la main?

À l'aéroport de Montréal j'arrive à minuit et c'est vide. Personne. Je m'assois au bar et boit une bière toute seule à une heure du matin en répondant à mes courriels du travail. Personne autour. YUL est différent et me semble sauvage et froid, vide, étrange, comme si j'étais dans un building en blocs lego blancs. Je marche et j'attends que le sommeil vienne me chercher mais même lui est absent et maintenant il est quatre heures du matin et l'endroit s'anime tranquillement.

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