Monday, September 27, 2010

Vert et Jaune

Dans l'automne du nord les feuilles des arbres virent au jaune seulement. Jaune et vert conifères sur fond de ciel bleu ou gris. Journées en vert et jaune. Nuits en bleu et noir. Quand le soleil brille je voudrais voir les feuilles d'érable rouges et orangées, la forêt qui s'enflamme mais ici tout semble se passer dans les mêmes teintes un peu prévisibles et moins passionées que ce que je pourrais espérer.

30 ans qu'est-ce que ça me fait? Je me le demande alors que le tiers des mes amis sont nouvellement mariés ou nouvellement parents, l'autre tiers nouvellement divorcés ou en grand questionnement, le dernier tiers célibataires et vivant la vie comme si l'université n'était pas finie.

Ça fait rien de plus que trois cheveux blancs depuis 30 ans. Rien de moins que me sentir souvent comme si j'avais la moitié de mon âge, j'espère toujours rester enfant, dans le fond. J'espère continuer à vieillir et grandir et devenir toujours plus belle et plus forte mais garder mon coeur et mon rire de jeune fille qui ne sait pas vraiment où elle s'en va. J'espère ne jamais être trop sérieuse et dépenser mon argent et passer mon temps avec ceux qui pour moi sont importants. Jusqu'à maintenant je réussis bien.

Maintenant je cours entre 8 et 12 km 3 ou 4 fois par semaine. C'est étrange. Toute la journée je sautille sur place et m'étire en m'imaginant, la foulée souple et les jambes dénouées, courant à grandes enjambées en suant et souriant, j'imagine à quel point je vais me sentir bien les pieds rebondissant sur l'asphalte craquée dans l'air froid du nord canadien. Je bois mon eau et enfile mon gilet rose pétant, mes micro shorts de course, mes deux bandages aux genous, mes souliers à ressorts et ma casquette réflechissante. Je m'étire et commence doucement... les 5 première minutes j'ai mal... au genou, au tibias, aux pieds, aux fesses, derrière les cuisses.. et je ne sais pas si je vais arriver à garder le rythme et continuer.. puis la douleur disparait et je vois la route devant moi, les arbres jaunes et verts, pendant 5 minutes alors que le soleil se couche tout devient rose. Les feux dans la cour arrière, le diesel des pick ups qui sont en marche dans l'entrée de la maison, l'odeur du souper, l'odeur de l'automne comme à L'halloween quand j'était petite. Un chien qui jappe, la lumière qui disparait. Les douleurs qui sont disparues. Hier un chien a couru avec moi pendant 20 minutes avant de se trouver un autre compagnon de route. J'ai vu un cheval dans la cour de la clinique vétérinaire. Quand j'arrive à la fin de mon trajet j'ai les jambes molles, je suis en sueur, j'ai chaud et froid à la fois. Je prends un ou deux verres de vin et me couche et dors sans bouger d'un centimètre avec galopin dans les bras, je le serre si fort toute la nuit, ça me surprend à chaque matin. Il voyage avec moi maintenant.

Et tout recommence le lendemain. Drôle de savoir qu'ici c'est en attendant de retourner à la maison. Qu'ici la routine confortable et la compagnie forcée mais agréable sur laquelle je compte à tous les soirs sera bientôt remplacée par ma vraie vie.

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