Thursday, March 18, 2010

Un boulon en moins

Un boulon en moins dans mon cerveau en mode économie d'énergie. Un boulon et une vis perdus depuis le moment où je l'ai su. Un boulon, une vis, une pièce mécanique tombés de la structure complexe qui me tiens les os, la tête et le coeur ensemble alors que je trébuche sur l'asphalte au petit matin sous les regards vagues des phares des voitures blanches et bleues.

Ma batterie s'est rechargée et quand j'écris rien c'est parce que tout va bien mais me revoilà torturée tourmentée, les mains bien huilées, graisseuse, rouillée, le cambouis étalé sur le visage, les coudes galeux, la gorge pleine de morve, et ma vie qui défile et mon moteur qui ne veut pas se réparer qui persiste à semer un peu partout des morceaux de mon âme que je ne peux pas ramasser car j'ai les mains trop pleines de vis, clous, plaques de métal, restants de qui j'étais hier ou avant-hier.

Mon coeur s'est démantelé il y a deux ans et depuis ce temps il n'y a plus rien qui fonctionne vraiment. Depuis rien ne tient en place, je me blesse le corps et ne peux réparer mon coeur. J'ai envie d'ouvrir les doigts et laisser tomber toutes les pièces usées à qui il manque des bouts, des trous, que j'ai ramassé de quelqu'un d'autre peut-être mais qui je crois ne ressemblent pas à celles, petites et délicates, qui font tourner ma machine interne, ma fournaise à rougir les joues et friser les cheveux, ma chaufferette qui oublie d'envoyer des soldats au bout de mes doigts.

Les petits os d'oiseau gris et jaunes qui s'entremêlent dans mon noyau bouillant et me piquent les sentiments violents, voilà ce que je m'entête à couvrir de boulons métalliques graisseux et froids. Voilà les pensées qui m'habitent, voici le fond de ma boîte cranienne aux pentures mal fixées, ici vous voyez l'impossible labyrinthe de confusion et sentiments de contradictions et d'amants indifférents d'ébulition de sang et fluides corporels qui s'étalent sur le tapis blanc de la plus petite pièce aux murs chambranlants.

Maudit tourni d'émotions, heureusement que Griffin me babine les épaules sans se sortir les dents.

1 comment:

  1. En passant c'est évident qu'aujourd'hui n'est pas le jour le plus heureux de ma vie, mais c'est vraiment plus un exercice de style qui me permet d'expulser toute ces mauvaises vibrations, je me lit et je trouve ça plutôt comique.
    (Maman et papa c'est pour vous qui me lisez, inquietez vous pas trop ok)!!

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