Friday, November 12, 2010

ZZZzzzzzz

On est vendredi soir, 10h30. La cuisine est nettoyée, les muffins sont dans le four, un film que j'ai vu 10 fois déjà à la télé. Je suis allé voir mes boîtes en bas dans le locker pour commence à planifier mon déménagement, ce que je garde, ce que je jette, j'ai fait une liste de choses à faire la semaine prochaine - pour chaque jour de la semaine - en prévision de mon déménagement, j'ai fait environ le trois quart de mes changements d'adrese.

Demain je pars en camping dans le froid du mois de novembre, avec certains de mes amis et je sais que j'aurai une bonne fin de semaine, à rire et boire et me tenir au chaud près du feu.

Hier je suis allé avec des amies voir un concert avec guitares électriques, batterie, ukulélés, violons, trompettes, trombones, voix sublimes et moments me donnant des frissons.

Mercredi soir j'ai invité une amie à souper et on est allé au cinéma.

Lundi, Mardi, Jeudi, Vendredi j'ai monté à cheval.

Lundi, Mercredi j'ai couru 5 km.

Lundi, Mardi, Mercredi, Vendredi j'ai travaillé.

Entre tout ça j'ai pédalé de la maison au bureau au Skytrain à l'écurie à l'épicerie chez des amis.

Ce soir je ne fais rien à part m'occuper des mes affaires sans me faire de mauvais sang en pensant que je suis toute seule au monde jusqu'à la fin des temps. Et ça me fait du bien.

Je suis très chanceuse d'avoir trouvé l'écurie où je peux aller en vélo et où Griffin est si bien MAIS j'ai besoin de m'ajuster à tant d'exercice. J'ai tout le temps faim et je dors comme une buche. Mon cerveau libre de (presque) toute anxiété. La paix. Je le sens quand je monte à cheval, je suis vraiment plus relaxe. Mon cheval est soudainement si réceptif et détendu et souple et facile à monter. Mon lit est si confortable. Ma vie est si belle.

Points négatifs: la pluie, le froid, le manque d'heure dans une journée.

Pourtant quand je pars sur le terrain c'est tellement différent. On travaille 10, 12, 14 heures et on trouve quand même l'énergie et la volonté de sortir se souler la gueule une ou deux fois par semaine. On est fatigué à vouloir des fois dormir sur place ou arracher la tête de nos collègues. Comme si on avait BESOIN de vivre des émotions encore plus forte, de faire quelque chose de drastiquement différent et fou et vivre dans un monde glamour où on est des vedettes et des rock stars, des top modèles, exceptionels et différents, pas juste nous tout simplement.

Live fast, die young, it's better to burn out than fade away bla bla blaaaa. Ce soir je me sens un peu plus vieille et fatiguée, mais c'est correct je fais juste reprendre des forces pour demain.

Pourquoi

Pourqoi les journées sont si courtes?

Pourquoi Jerry Maguire est à la télé?

Pourquoi la fatigue?

Pourquoi j'ai pas ralenti avant?

Pourquoi pas d'argent?

Pourquoi pas d'amant?

Pourquoi quand même, le bonheur?

Tuesday, November 9, 2010

Depuis que

Le vin blanc comme le bout de mes orteils ce soir au vent.

J'ai mal aux cuisses, aux mollets mais je sens que tout devient plus facile, quand je roule, quand je cours, quand de mes jambes de petite fille je pousse ces 1800 livres de muscle et d'os et que de mes bras aux mini muscles et mes abdos et mes fesses retiennent l'énergie générée pour la transformer en équilibre en légereté.

Sous la pluie j'ai les pieds dans mes bottines imperméables et rien sauf le vent qui m'arracherait bien la tête si je le laissait faire, rien sauf les bourrasques téméraires qui balaient la plaine de la banlieue humide ne m'empêche de rouler et d'avancer, au chaud dans mon manteau de pluie qui ruissellera bientôt de sueur à l'intérieur.

Depuis que j'ai vu mes amis du Québec et ma famille, que j'ai marché sur le pavé de la ville et couru entre Sillery et Sainte-Foy, depuis que j'ai revécu mes années d'université avec des gens de mon âge aux blessures semblables aux miennes et revu ces nouveaux parents je me sens bien, sécure, bercée par l'amour de ceux qu'on revoit seulement une fois par année mais avec qui le temps ne semble pas passer ailleurs que par les mots et les gestes qui s'emmellent alors qu'on est ensemble, peu importe où ou quand ou si on se reverra et pourquoi.

Depuis que je suis revenue c'est cours et trotte et galope et plie la nuque et sors l'épaule et les postérieurs hors du cercle je relâche ma rêne intérieure et tends ma rêne extérieure pour conserver l'incurvation, les hanches ouvertes et les épaules détendues, jambe droite, main droite, relâche, ouvre la porte et montre lui qu'il ne peut pas se pointer le bout du nez dehors, ne fait pas tout le travail pour lui, fais juste lui montrer, si tu sais ce que tu fais il finira par comprendre. Et lui il avance et il tourne et il se plie à mes demandes sans se demander pourquoi, et il flotte et parade et me rend si fière car pour les autres ça à l'air si facile.

Depuis que je suis revenue c'est court et roule et regarde ton écran d'ordinateur le jour en attendant que le soleil se couche à 4h30 pour pouvoir sortir et vivre la vraie vie qui consiste à se fatiguer pour bien dormir la nuit et être en forme devant l'écran le lendemain matin.

Depuis que je suis revenue je me demande quand et où je repartirai mais je sais que la campagne du nord-est de Richmond, entre les ponts, les autoroutes et les entrepôts m'accueillera toujours quand j'aurai envie de fuir la ville qui m'apelle et m'intrigue. Des fois j'aimerais mieux juste porter mes pantalons d'équitation et aller au lit avec du foin dans les cheveux et de la poussière dans les yeux, tous les jours, tout le temps, jamais loin de ma vraie vie, de mes amours et ma folie.

Tuesday, November 2, 2010

Early Morning

Je me fais réveiller par mon téléphone qui vibre à 6h30 ce matin, remplie à craquer de bonnes intentions et la journée déjà toute planifiée, organisée, rangée, la veille en sautant au lit pour passer de l'autre côté. Il vente et il pleut, toute la nuit quand je me réveille pour me retourner, j'écoute la pluie et j'entends le vent qui pousse les feuilles mouillées en tas morveux sur les trottoirs glissants.

Ce matin à 6h30 je décide qu'il est trop tôt et qu'il ne fait pas assez beau. Je suis fatiguée et je ne peux pas m'imaginer en vélo sur River Road à pédaler contre le vent sur la plaine plate et ouverte de Richmond juste au bord du Fraser brun qui se jette dans l'océan bleu juste derrière moi. Je gratte la croute qui m'a coulé des yeux pour se coller sur le haut de mes joues, me retourne et me rendors.

Je me réveille et conduits vers l'écurie. Griffin, poilu et chaud, mon mur de chair et de sang bouillant sur qui je me blottis pour oublier ma fatigue éternelle et le froid qui s'installe avec l'hiver qui arrive. Je cours vers le bureau, le bike shop, la douche, mes bagages pas prêts, les courriels et appels de mon équipe sur le terrain, vers le skytrain en trainant ma valise à roulette, les pieds dans le train à 3heures alors que mon vol part à 4h. Je cours pour m'enregistrer à temps, passer la sécurité, j'arrive à temps, ma technique de rock star utilisée plusieurs fois lors de mes voyages en avion, presque infaillible, les fesses dans mon siège, je ris de ma chance, toujours à la dernière minute et toujours aussi naïve, me disant qu'on ne peut jamais vraiment manquer un vol. Pas cette fois-ci. Les lumières des villes sous moi alors que je suis assise dans le ciel, dans le noir, dans le vide, dans rien. Qui roule dans ces voitures sur les autoroutes illuminées, qui habite ces maisons de quartiers en demi lunes avec piscines rondes dans la cour, que contiennent ces entrepôts et qui conduit le chariot à bagage à cette heure de la nuit. Qui dans l'avion comme moi viens en vacances à la maison, qui d'autre ne sait pas où la vie l'emmenera, sans plans, sans placements, sans enfants, avec juste un mal de dos pour se rappeler qu'on ne peut pas prétendre avoir 20 ans jusqu'à la fin des temps, qui d'autre à envie de se lever pour danser dans l'allée un verre à la main?

À l'aéroport de Montréal j'arrive à minuit et c'est vide. Personne. Je m'assois au bar et boit une bière toute seule à une heure du matin en répondant à mes courriels du travail. Personne autour. YUL est différent et me semble sauvage et froid, vide, étrange, comme si j'étais dans un building en blocs lego blancs. Je marche et j'attends que le sommeil vienne me chercher mais même lui est absent et maintenant il est quatre heures du matin et l'endroit s'anime tranquillement.