Saturday, August 29, 2009

4 jours à la maison

De retour à la maison j’ai pu prendre quelques moments pour respirer. J’étais invitée au mariage d’une amie. Bien que la cérémonie religieuse du mariage soit pour moi le comble des moments quétaines au palmarès desdits moments, bien que je ne comprends pas pourquoi on peut avoir envie de se pavaner telle princesse autour de sa famille et ses amis, bien que je crois sincèrement que le mariage est une industrie mercantile et capitaliste qui a pour but principal de faire vendre des tis cartons, des centres de tables, des fleurs, une robe, de l’alcool pour les invités (youppis) qui repayeront les mariés en toasters, bon j’avoue que j’ai été brièvement émue. Et pour oublier tant d’émotions j’ai bu comme une vraie fille de village à la réception. Ensuite tournée en ville pour souligner l’anniversaire d’une amie, j’ai perdu un soulier (un de ceux dans ma sacoche) que mon amie à repêché plus tard. Perdue dans mon nuage d’alcool je suis rentrée a la maison en me questionnant sur le sens profond de la vie en marmonnant quelque chose au chauffeur de taxi et 30 secondes plus tard j’avais déjà sombré dans un sommeil aussi profond que si je n’avais pas dormi depuis 2 ans.

Donc dimanche j’étais hors jeu. Pas grave. Ça m’apprendra. Ensuite lundi j’ai paqueté ma tente, volé dans un mini avion qui flotte et conduit deux heures pour une nuit de camping. Drôles moments de solitude qui sont si longs mais où le temps semble engourdi par, à l’aller, l’anticipation et la nervosité, et, au retour, par les souvenirs tous frais de moments qu’on jure qu’on n’oubliera jamais.

Retour sur le continent pour aller voir mon grand, beau, charmant, gentil, doux cheval noir qui tourne au brun roussi par le soleil. Il est en vacances depuis des lunes car je suis partie depuis un siècle. Mais me revoilà donc, après avoir traversé l’océan et la ville et la banlieue, perdue en campagne à la frontière des États-Unis, marchant à travers la plaine une carotte à la main pour retrouver celui qui personnifie si bien ma plus grande, que dis-je, ma seule et unique et déchirante passion. Je marche, sous le soleil tapant, pour le trouver, heureux, paisible, broutant, les oreilles molles. Monsieur G est noir et porte quatre bas blancs qui lui montent jusqu’aux genoux. Il a une longue et noble tête noire, assortie d’une longue et large liste blanche qui lui éclabousse les naseaux. Il m’accepte sur son dos puis me demande des caresses, m’amène entre les rangées de framboisiers et sous les poiriers sur la colline.

Et là maintenant je suis au nord du cercle polaire, plus loin que je ne l'ai jamais été, et je suis fatiguée.

Friday, August 21, 2009

Checking in

Comment démêler les derniers moments comment traduire et reconstruire les jours qui viennent de passer et moi sans jamais m'arrêter. Encore à l'aéroport entre deux vols pour aller à la maison, mais bien sur pas trop longtemps. L'avion numéro un, celui qui a un nom bizarre, je l'appelle le Donair mais je sais que c'est le nom d'un plat et non pas le nom d'une machine qui vole. Donc le Donair a volé entre les nuages bas et la rivière à méandres et on s'est fait ballotté de haut en bas, ma tête tapochant le hublot, je crois que j'ai dormi mais je ne sais plus trop, tout ça est très flou. J'ai travaillé sous la pluie aujourd'hui avant de partir et mon bas de pantalon est encore tout grugé d'eau de fond d'excavation. On était triste de se quitter à 5 heures mais 3 heures plus tôt alors qu'on n'avait pas encore diné on a faillit tous s'arracher la tête, fatigue, faim, on redevient des animaux affamés qui s'empiffrent de rondelles d'oignons et de milkshake du A&W pour oublier et redevenir heureux. Drôle de sentiment, la faim, je sais c'est une sensation mais ça rallume de mauvaises émotions. Voilà pourquoi j'adore mon travail, on peut tous royalement se taper sur les nerfs mais à la fin de la journée quand on se retrouve seul dans sa chambre d'hôtel la lumière fermée on a l'impression qu'il manque quelque chose, on se demande qu'est-ce que les autres écoutent à la télé, s'ils sont sur facebook ou déjà endormis. Comme les Survivants dans le film les survivants qui n'étaient pas capable d'être séparés après avoir été sauvés de leur carcasse d'avion sur le sommet d'une montagne des Andes. Presque pareil.

Donc ma nouvelle passion pour la chique de tabac me surprend mais pas tant que ça. Voilà pour rire on a essayé, pour faire comme les boys. Au début j'ai eu un buzz vraiment fort, les graines de tabac partout entre les dents et il faut que tu pousses la boule avec ta langue mais ta langue devient toute engourdie et tu ne peux pas avaler donc tu craches du brun gluant et tu as de plus en plus soif. J'étais pas très sure. Curtis m'a dit "Ah you know chicks dig it when you got shit all over your teeth". ha ha heureusement que je ne suis pas aux filles. Mais Dan, le nouveau homme a tout faire mets son tabac à chiquer dans un filtre à café. Donc tu le roules, le mouilles, puis tu l'installe sur ta gencive, juste en haut de la canine. Miracle. Après la première chique et plusieurs crachats j'ai englouti une bouteille d'eau puis je n'arretais pas de me passer la langue sur les gencives... euuuh les gars... je peux en avoir une autre? High Five! Ha ha viv you're one of the cool kids now eh? come hang out with us.. yess merci... Ma deuxième chique m'a tellement rendue heureuse et relaxe mes collègues n'ont pas pu s'empêcher de rire de moi. Heureusement ça n'a duré qu'une seule journée.

Puis avant ça il y a eu le golf où je crois avoir épaté les boys. Puisque et oui, moi étant moi j'ai choisi de jouer avec les trois contracteurs. Mes quatres collègues ensembles mais pas avec moi. On a bu de la biere en canne et on a fait des beignes avec le kart. On a eu un petit accident de kart mais tout le monde s'en est sorti indemne et après la journée on est tous allé boire comme si on n'avait pas trop de classe puis on est allé à la piscine de l'hôtel et les gars ont showé off dans la glissade et Curtis et Trevor avaient emené de la bière qu'on a bu en se cachant dans la toilette des gars, juste nous trois. Moi trop contente d'avoir devant moi deux petits hommes de 25 ans en maillot de bain, pour moi toute seule, je sais, je sais, bientôt cougar...

Le lendemain bike to work, mal à la tête, 12 heures, fatiguée, rire aux larmes, stresser, regler les conflits entre collègues, rire encore, appeler son boss, réviser des factures, parler au client, être important, et retourner dans sa chambre et repenser aux Survivants et les journées qui recommencent et toujours à l'aéroport, bientôt dans la machine qui plane, bientôt dans le taxi, l'auto, l'hotêl, la tente, le bateau, chez nous.

Tuesday, August 18, 2009

ici

Le vent devant
L'ete s'en va
Matin, midi
Souvent partie
Le soir je bois
Autour de moi
La pluie, le froid
Devant la route
La chaleur s'echappe
Des feuilles et moi
Seule ou avec lui
Je respire je vis
Un faucon me suit
Dans l'avion je lis
Je dors aussi
A la maison, j'attendrai
De repartir demain

Tuesday, August 11, 2009

Portraits

Quelques raisons
Qui font
Que je me sens bien
Même si je suis loin

Se lever à 5h50 pour partir à 6h30 pour commencer à travailler à 7h pour repartir à 19h30 pour arriver à 20h pour souper à 21h pour se coucher à 23h et recommencer le lendemain.

Les parents de Curtis sont mormons. Il a quitté la maison à 19 ans, s'est fait percé la langue, l'oreille, des tatous partouts. Il a 25 ans et va devenir ingénieur et dans 10 ans il aura sa propre compagnie. Il est gentil comme tout, drole, travaillant, et trouve que les catholiques pardonnent trop vite. Apparament le processus de pardon chez les mormons est interminable, mais ça ne l'a jamais empêcher de se masturber quand il était ado.

Trevor me tiens le coude quand il veut me montrer quelque chose et l'autre jour il s'est amusé à me faire voir de près les petites souris sans queue qui vivent dans l'entrepôt. On est allé chercher du café pour tout le monde au A&W et en chemin il parlait au téléphone en écrivant et en conduisant avec le volant sur ses cuisses. On a acheté pour 26$ de café pour tout le monde. Il habite dans le condo de sa mère qui vit en Floride ou quelque part où il fait beau et on n'a pas de soucis, à 2 rues de chez moi à Vancouver mais je ne l'ai jamais croisé en ville.

Bridget a 51 ans et vient tout juste de commencer sa seconde carrière. Après avoir été designer graphique elle est maintenant tech en environnement et est comblée de passer ses journées à regarder les camions, les pelles mécaniques, les jeunes hommes qui pelletent autour des conduits souterrains. Elle est tellement tellement cool, toute petite et rousse et souriante et elle me parle de sa famille et ses enfants et je l'écoute les oreilles toutes grandes ouvertes et elle m'écoute aussi et je l'aime tant!

James est un ex-convict, sorti de prison on ne sait pas quand, entré en prison on ne sait pas pourquoi. Half native, tatoué, il sacre à chaque deux mots, il est toujours en train de chercher quoi faire, si poli avec les dames mais son naturel revient au triple galop dès qu'il nous tourne le dos. Il vit au camping et ramasse des roches dans le fond des excavations pour se faire un firepit potable. Son seul et unique regret dans la vie est d'avoir commencé à fumer.

Nick (Nicolas) est arrivé de France à l'age de 7 ans et maintenant il en a 42. Il opère la pelle mécanique comme un pro mais refuse de parler français. Il à un sens de l'humour incroyable, toujours la bonne remarque, et il sourit et rit dans sa barbe de 3 jours.

Fran est brésilienne, pétillante, les dents blanches et la peau brune. Elle rit, elle danse, elle boit de la bière le soir. Elle est toute nouvelle mais apprends si vite, parle à tout le monde et j'essaie d'être un peu plus comme elle que comme moi quand viens le moment d'approcher de nouvelles personnes.

Il pleut et il fait froid, mes orteils pétillent car ils reviennent à la vie. Tout est tranquille, l'eau est pompée du fond des excavations et heureusement que j'ai apporté une seconde paire de bobettes car j'étais trempée de tout mon long ce matin sur mon vélo stationnaire car il ventait. J'ai montré mes jambes dans mes shorts de vélo ce matin au Safety Meeting et en revenant j'ai roulé dans la bouette avec le SUV loué, le sol argileux ici est parfait pour s'amuser en auto.

Friday, August 7, 2009

Retour au travail

Mes derniers jours à Vancouver ont été fous. J'ai tellement ri.

Des journées à la plage, au lac, à l'océan, à nager, pagayer, boire du vin blanc au soleil, de la bière à la pénombre. Une soirée folle où mon amie à qui j'avais promis hospitalité n'a tout simplement pas pu me réveiller pour rentrer à la maison pour dormir sur mon divan. Un concert en plein air. Une randonnée à cheval dans les champs de framboisiers, sous le soleil blanc, de la poussière plein la bouche et des souvenirs plein les yeux. Des bisoux sur le nez de mon gentil toutou géant, dormir en cuiller avec galopin, plonger dans l'eau salée, jouer avec les enfants des autres.

En chicane avec le chat pour raison obscure. Je sais que je manque de tact. Mais bon. Je suis contente que ce soit lui qui ait besoin de réfléchir. Tant mieux.!

À l'aéroport je suis arrivée tôt et partie tard. Mon vol était en retard donc j'ai feuilleté la librairie pour en ressortir avec deux livres. Un portant sur des conseils d'investissement, money management pour les femmes, un autre voulant prouver que le futur appartient aux right-brainers. Mon futur m'attend donc, successful et plein d'argent.

Dodo dans la machine qui vole et me revoila ici, dans mon deuxième chez moi, heureuse et occupée, le cerveau qui roule, je me promene d'une excavation à l'autre, placote, rit, dit des niaiseries, fatiguée, remplit de la paperasse, discute, décide, pose des questions, retourne à l'hotel, sort souper, je me couche, je me relève, ca recommence. L'impression que quelque chose manque, pourtant je suis ici, maintenant depuis quelques temps j'ai le coeur plus solide qu'avant, ça me fait du bien, j'ai les pieds solides dans mes bottes de caoutchouc, debout dans le fond du trou, la pelle mécanique qui s'agite autour et les contracteurs qui me sourient et mes collègues si gentils.

La vie est belle, enfin depuis si longtemps un moment de répit.